Traverser les nuages : l'ascension
Un rêve d'enfant, quand nous les imaginions palpables, cotonneux et moelleux...les nuages. Inaccessibles dessins dans le ciel, ils ont peuplé nos fantaisies de visages familiers, d'animaux spectaculaires et de créatures fantastiques.
Poussés par le vent, ils se déformaient en monstres indomptables, pourchassés par nos super-héros puis vaincus par une armée d'anges descendue du Paradis.
Bien plus tard, j'ai reçu l'extraordinaire cadeau de faire un petit passage dans le
ciel : un parachute, le ciel et moi. J'ai hésité. C'était un tandem. La peur au ventre, je me suis laissé porter par l'enthousiasme pour finalement accepter.
En deux temps, trois coups de vent, c'était parti...
Quelques secondes plus tard, je me suis vue équipée d'une tenue de combat :
un harnais, une paire de lunettes et tout un attirail à enfiler. Sanglée de l'aine aux omoplates, j'étais fin prête pour aller marcher sur la lune. Après une rudimentaire leçon au sol, façon parachutisme pour les nuls et quelques accolades j'ai posé mes fesses dans un petit coucou surpeuplé. Une poignée bariolée de kamikazes déjantés, visiblement accros à l'adrénaline allait m'accompagner dans mon voyage dans les nuages.
Jusque-là, c'était sympathique.
Soudain, le moteur s'est mis à bourdonner, la carlingue à vibrer, tout s'est accéléré et nous avons décollé.
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L'âcre parfum du kérosène chaud et les cris de guerre des para-shootés s'ajoutaient à ce joyeux folklore, pimentaient ce périple un peu fou.
A cet instant précis que je me suis demandé :
-Mais qu'est-ce que je fais là ?!-
Un peu crispée, j'ai fait bonne figure. Je plaisantais et riais de plus en plus jaune à mesure que nous prenions de l'altitude.
1500 mètres.
-Je ne ris plus-
Mon binôme m'a expliqué en désignant son altimètre que nous allions monter 2500 mètres plus haut. J'ai acquiescé et lui ai répondu par un sourire, enfin, je crois...
- Mais au fait, pourquoi je suis là ?!-
J'ai observé par le hublot le réseau de fines artères formées par les routes sur lesquelles circulaient des voitures petites, miniatures, minuscules. La vue était superbe et je distinguais encore vaguement la vie qui fourmillait tout autour de la ville.
3000 mètres.
-Je blêmis-
La tension était palpable. La gouaillerie de l'équipage avait fait place à la concentration et chacun répétait mentalement les mouvements à effectuer pendant la voltige. J'étais la seule novice à bord. J'ai compris que j'étais entourée de pros, des ceintures noires de la chute libre. Pourtant, ils avaient tous l'air aussi stressés que moi. Les teints palissaient, les pupilles se dilataient, les oreilles se bouchaient. J'étais de moins en moins rassurée...
3500 mètres.
-Je crois défaillir-
L'issue de ce vol semblait inéluctable, je ne pouvais plus reculer. Je restais concentrée pendant que le moniteur fixait son harnais au mien. Nos destins et nos corps étaient désormais très -trop- étroitement liés.
Et ma vie ne tenait plus qu'à quatre mousquetons.
Au secours.
4000 mètres.
Ils ouvrent la porte.
-Je n'ai plus de pouls-
Un à un ils ont disparu, drôles d'extra-terrestres mauves, verts, jaunes, rouge... Sans l'ombre d'une hésitation et dans ce bleu infini, ils se sont jetés dans le ciel immense comme d'autres plongent dans le grand bassin.
Impressionnant, extrême, juste terrifiant.
Voilà qu'à mon tour, j'étais littéralement suspendue dans le vide, pendue à mon harnais, à mille pieds des nuages.
Plus le choix.
Comble de la cruauté, le moniteur a simulé un, deux, trois élans,
-il veut ma mort-
avant de s'élancer.
A suivre...
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